Ces œuvres dépeignent un port de pêche industrielle plongé dans une atmosphère dystopique où le chaos et la modernité s’entrelacent. Sous une lumière rougeoyante, émise par des néons tremblants et diffusée à travers une pluie incessante, s’élèvent des structures titanesques, véritables témoins d’un monde en constante transformation. Les ombres des silhouettes humaines et des machines se mêlent dans ce paysage apocalyptique, où les éléments naturels semblent s’effacer face à l’urbanisation dévorante.
L’esthétique de ces œuvre est inspirée de l’ambiance subtile, sombre et mélancolique du film Blade Runner (Ridley Scott, 1982), avec ses décors pluvieux, ses lumières artificielles et sa tension omniprésente. Chaque œuvre devient une scène figée d’un récit cinématographique, capturant le drame d’un port futuriste où destruction et reconstruction coexistent dans un cycle sans fin.
Dans cette vision, la mer n’est plus une étendue ouverte, mais un théâtre confiné par des structures oppressantes. Les éclats lumineux, oscillant entre le rouge vif et le blanc spectral, insufflent une énergie ambivalente : à la fois poétique et inquiétante. Les compositions évoquent une lutte invisible, où l’homme et la machine s’affrontent ou collaborent, dans un environnement au bord de l’effondrement.
Le résultat est une expérience visuelle puissante, où la lumière, les ombres et la texture peignent un univers à la fois familier et irréel. Ces œuvres, à la croisée du réel et de la fiction, invitent à plonger dans un monde cinématographique troublant, suspendu entre l’intensité dramatique et la beauté inquiétante d’un futur incertain.
Le futur de l’Homme est balisé de frontières, de bordures, de marges, qu’il se fait un plaisir (en auto-proclamée perfection du vivant sur cette planète), de repousser, de provoquer, voire d’affronter », Enki Bilal (2022).